Même si nous nous posions des questions quant à l’indépendance et la neutralité de ses membres par rapport à l’enjeu nucléaire, nous ne pouvons que marquer notre stupéfaction face à une des conclusions du rapport du groupe GEMIX qui indique, selon le Ministre Magnette, que fermer les premières centrales nucléaires en 2015, après 40 ans d’exploitation, reviendrait à un black out énergétique.
Ce n’est pas sérieux : chiffres à l’appui (voir annexe ci-dessous), on sait que ce n’est pas vrai ! Les chiffres démontrent qu’une fermeture de Doel 1 et 2 ainsi que Tihange 1 d’ici 2015 peut se faire sans problème. Des projets alternatifs (renouvelables, cogénération et TGV) déjà réalisés ou déjà autorisés et en passe d’être réalisés permettront de compenser sans souci ces fermetures.
Ecolo et Groen ! voient dans la publication de ce rapport la volonté du Gouvernement de faire passer la pilule amère de son choix de prolongation du nucléaire. A partir du moment où le rapport Gemix agite le spectre du blackout en 2015, en spectaculaire contradiction avec la réalité, on ne peut que constater que le gouvernement a commandé des conclusions plutôt qu’une étude.
Le Gouvernement se prépare ainsi à un troc sans scrupules avec le géant énergétique français GDF-Suez : l’aumône pour réduire un peu le trou budgétaire en échange de la confirmation du monopole d’Electrabel pour l’avenir.
Pour Ecolo et Groen !, la récupération de la rente nucléaire ne nécessite pas la contrepartie de la prolongation. Le Gouvernement sait très bien qu’il est déjà possible aujourd’hui de réclamer à Electrabel une partie significative des bénéfices indus et réalisés sur le compte du citoyen.
Rappelons que le maintien du nucléaire constituerait aussi immanquablement un frein aux investissements dans le développement des énergies renouvelables en Belgique.
Changer la loi de sortie de la production industrielle d’électricité via le nucléaire sur des bases aussi fallacieuses relève du sabotage, si pas de forfaiture. Avec des centrales nucléaires vielles de plus de 40 ans en activité, la Belgique deviendrait du reste un véritable cobaye mondial en matière de sécurité nucléaire. On aura beau changer les accessoires des vieux « tacots », rien ne nous assure de la résistance des moteurs. Prolonger les vielles centrales, c’est faire un pari sur la sécurité des citoyens.
Update mai 2010 : mise à jour du document "Nouvelles centrales de production électricité", à télécharger ci-dessous.
Nous sommes tous de Fukushima
Le 11 mars 2011, le monde a basculé.
Bercé par la petite musique du lobby nucléaire, nous avions, comme dit Olivier Deleuze, confondu improbable et impossible. Après Fukushima, la réplique qu’on nous sert depuis 40 ans - "le risque zéro n’existe pas" - a pris une autre dimension. Même le premier ministre japonais déclare aujourd’hui que "le Japon a succombé au mythe de la sureté nucléaire".